1. |
Deux mille cent
03:11
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La médecine fait des progrès, on survie aux interventions, on succombe à leurs infections, antibiotiques automatiques
Au-delà de soixante-quinze ans, la pilule bleue fait des papas, les mamans de soixante-cinq ans, ressemblent à leurs filles de trente ans
Parait que d’ici deux mille cent ont sera tous comme Madame Calment, on fera de joyeux centenaires, la retraite à quatre-vingt ans
Paraît qu’il n’y aura plus de grabataires, pour l’Pére Lachaise moins de clients
Les écosystèmes s’harmonisent, l’hiver ici c’est la banquise, les ours en méditerranée, passent leurs hivers à Saint Tropez
Les baleines remontent la Seine, les saumons fuient sous les tropiques, pour bronzer l’été on s’exile, sur les plages de l’Antarctique
Parait que d’ici deux mille cent les coccinelles n’auront plus d’ailes, les papillons seront luisants, les vers luisants auront des ailes
Avant la fin d’l’aire nucléaire si on n’a pas tous sautés avant
Capacité énergétique, prospective et développement, un beau programme en perspective pour les dix milliards d’habitants
Les technologies novatrices, durables, génératrices, de business et de bénéfice pour les start-up, les affairistes
Parait que d’ici deux mille cent les poules auront enfin des dents, biodiversité génétique, le progrès pour tous bénéfique
Juste avant que le tricycle remplace la voiture électrique
Plus d’esprit sot de contestataire, on clone les plus intelligents, la droite, la gauche et le milieu ont enfin le programme sérieux
On sera convertit Musulmans, c’est ce que serinent quelques grincheux, qui disent, ça irait mieux, si on n’avait voté pour eux
Parait que d’ici deux mille cent on sera devenue des gens sérieux, noir, verts, jaunes, rouges, blancs, le même drapeau sous tous les cieux
A moins qu’en l’an deux mille cent, on soit aussi con qu’à présent
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2. |
L'abri bus
03:57
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Sous l’abribus tout mon quartier, le jour, la nuit, quel défilé, amours éperdus ou paumés, pointe de zèle, brin d’excès
Sous l’abribus tout mon quartier, sentiments ou frivolités, à l’abri des folies du monde, ça tourne en brune, ça tourne en blonde
Sous l’abribus le cœur serré, en attendant le vingt-trois, Christophe rêve de la belle Aline, mais de sa femme c’est la copine
Et le Christophe ne le sait pas, sous l’abri pendant qu’il à froid, sa femme en maitresse saphique, cajole Aline sur le sofa.
Sous l’abri, à midi, les yeux doux, les sourires, sous l’abri, à minuit, c’est l’amour, l’envie, leur folie
Sous l’abribus pas de quartier, la Virginie tends ses filets, elle y piège quelques passants, de beaux poissons couleur argent
De l’abribus cœur emballé, elles les trainent au fond de son lit, ils gisent au matin sous l’abri, libérés de leurs économies
Sous l’abribus cœurs mélangés, Pierre, Paul et la grande Emilie, à la vue des regards complices, s’abandonnent à tous les vices
Proposant même aux voyageurs, de partager leurs jeux d’ardeurs, sauf le dimanche après l’office, le ramassage est hors service
Sous l’abri, à midi, les yeux doux, les sourires, sous l’abri, à minuit, c’est l’amour, l’envie, leur folie
Sous l’abribus quand meurt l’été, le cœur transit pour pas crever, Claude vient poser ses vieux os, s’y réchauffer au tord boyaux
Et s’il n’a plus toute sa tête, s’il a paumé ses allumettes, c’est qu’il était fou de Ginette, qui a suivi son pot de bistrot
Sous l’abribus le cœur brisé, je pleure Estelle, ouai, je l’aimai, elle est partie avec Fernand, mon ami depuis trente-cinq ans
Mais sous l’abri je reviendrai, une rose rouge à la main, je serrerai fort ses petites mains, pour pas qu’elle parte le lendemain
Ce soir c’est repas de quartier, si la pluie joue les troubles fêtes, on ira tous se réfugier, sous l’abri on n’est pas des bêtes
On s’embrassera, on s’tutoiera, on s’racontera n’importe quoi, et tant pis si la Virginie emporte une arrête dans son lit
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3. |
J'veux pas grandir
02:59
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J’veux pas grandir, je veux pas, oublier, les taches de glace sur le bord, de ma veste
Ne pas vieillir, pour ne pas, renoncer, au bruit des flaques qui trempent, les souliers
J’veux plus l’aimer, plus jamais, retomber, le cœur à terre, suppliant, cette peste
Ne pas mentir, ne pas lui, justifier, mes parties de bille, nos rendez-vous manqués
Je m’en fous si, ma chanson, lui déplaît, on ne peut plaire à tout l’monde
Je m’en fous si, ma chanson, te déplaît, on ne peut plaire à tout l’monde
Se découvrir devant chaque passant, faire croire aux cons qu’ils sont, sont charmants
Causer d’amour ou débattre du temps, naïfs rebelles tes regards, gare enfant
J’veux pas grandir, je veux pas, reprocher, à mon gamin ses taches, sur sa veste
Ne pas vieillir, pour ne pas, lui interdire, le bruit des flaques qui trempent, les souliers
Je vais l’aimer, sûr, je vais, retomber, le cœur à terre, en retournant ma veste
Je vais rougir, devoir lui justifier, mes parties de bille, nos rendez-vous manqués
Je suis heureux, si ma chanson lui plaît, je voudrai plaire à tout l’ monde
Je suis heureux, si ma chanson te plaît, je voudrai plaire à tout l’ monde
Chapeau levé devant chaque passant, qui prétendent que je suis, suis charmant
Je lui jure qu’on s’aimera, tout le temps, fourbe et visqueux nos regards, gare aux grands
Je vais grandir puis je vais oublier (pas grandir), je vais vieillir et devoir renoncer (pas vieillir)
Je vais l’aimer, sûr, je vais retomber (pas grandir), je vais rougir devoir lui justifier (ba be dou bap, ba be dou bap, na, na, na, na, na, na, na, nère)
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4. |
Le jardin
04:08
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Jo habite un jardin ou les herbes frivoles chatouillent poules et lapins les couleuvres y convolent
La rosée du matin aiguise les épines se mêlant aux senteurs des ronces des aubépines
Au milieu du buisson ou ne pousse nulle rose une bicoque en planche sert d’auberge espagnole
Aux félins du quartier qui comme Jo s’y posent quand décoche soleil ses flèches de sommeil
Le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin
Venus dans le quartier construire leur bonheur, sur pelouse aseptique le couple d’à coté
Ne saurait tolérer pagaille forestière, désordre écologique, faune trop exotique
Immoler les buissons Jo y perdrait son âme et n’a point de raison d’amputer le moindre arbre
Guillotiner son gazon Jo trouve ça barbare, ses poules et ses chats y perdraient leur couchage
Le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin
Nos amoureux zélés esclaves de la tondeuse, des week-ends symphoniques souhaitent que l’on atomise
Ce lopin anarchique, cet abri bidonville, ces bestioles qui se livrent aux pires indisciplines
N’écoutant qu’les gens biens la justice a tranché, ils eurent vite défriché, plus bestioles ni jardin
Le Jo fut expédié à l’asile, il serait bien, mais fini dans les planches au fond d’un grand jardin
Le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin, le bonheur est dans le jardin
Cette histoire un peu glauque d’un petit vieux rêveur, d’une friche de banlieue, d’un voisinage odieux
N’a point de prétention, ni morale, ni leçon, écoutez simplement la fin de la chanson
Leurs emprunts amortis, la justice a tranché, l’autoroute doit passer leur nid sera démoli
Mais Jo lui il s’en fou, car la haut, il a tout, serpents, poules, lapins, ses chats, et son jardin
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5. |
Le polygame
04:19
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Moi qui vivais heureux, trois compagnes leurs six gosses, la douceur de la banlieue, mes chansons leurs allocs
Quand ils ont envoyés, les képis à ma porte, j’ai compris qu’en voisin, j’avais fait des envieux
J’avouais mes pratiques, mes amours polychromes, troublant la force publique, ce ne sont que des hommes
Nul besoin de prophète, d’Eros de Polisson, je suis fidèle adepte, et donne quelques leçons
Monsieur, monsieur, quelle conduite infâme, seriez-vous polygame. Messieurs, messieurs, confusion, amalgame, est-ce donc là un drame d’héberger quelques âmes
Des godiches gendarmes, je me jouai un peu, en détails croustillants, aux accents graveleux
Quand l’une à la migraine, l’autre est dans sa semaine, la chair brule la troisième, du plaisir pas de la gène
Epris de compassion, mes juges m’ont relaxé, plus d’chef d’accusation, leurs conseils avisés
Votre corps si malingre, du piano au pageot, c’est un rythme de dingue, vous ne ferez pas de vieux os
Monsieur, monsieur, quelle conduite infâme, seriez-vous polygame. Messieurs, messieurs, confusion, amalgame, est-ce donc là un drame d’honorer plusieurs dames
Je vis toujours heureux, quatre compagnes leurs huit gosses, loin des bruits de la banlieue, mes chansons vos allocs
Les épouses des voisins, squattent parfois mon pieu, celle de l’adjudant machin apprend de nouveaux jeux
Monsieur, monsieur, quelle conduite infâme, vous êtes polygame. Messieurs, messieurs, confusion, amalgame, est-ce donc là un drame d’aimer toutes les femmes
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6. |
Speed Dating
03:42
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7. |
Plaie immobile
03:34
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Je griffonnais au crayon noir une figurine androgyne, moitié fille, moitié Playmobil, je la voulais douce et gentille
Des nuits que je grattais le papier, des nuits que sa silhouette me hantait, ses bras, ses jambes rectilignes, ses yeux lointains, son corps factice
Pour l’embellir, la transmuter j’accentuais un peu sa poitrine, traçais des contours érotiques, ça la rendait un peu taquine
Je peaufinais son apparence adoucissant sa corpulence, lui façonnant des yeux mutins ça lui donnait un air coquin
C’est une marionnette immobile, c’est une poupée un peu fragile, c’est la maîtresse hypothétique, d’une aventure fantaisiste
Je poursuivais mon obsession, habité par la perfection, je lui griffonnais de longs cils, un piercing ornais son nombril
Ebauchant d’une main habile, l’accessoire, le fondamental, le sac à main dans une main, dans l’autre une laisse, un petit chien
En victime de sa plastique ma jalousie devint sanguine, je la trouvais par trop lascive ma figurine libertine
Je ne supportais plus son air, elle me tapait sur les nerfs, l’aventure devenait précaire, je m’embarquais dans des colères
C’est une marionnette immobile, c’est une poupée un peu fragile, c’est la maîtresse hypothétique, d’une aventure fantaisiste
Ce matin je suis décidé à mettre fin à mon délire, d’un coût de gomme à l’oublier ne plus souffrir entre ses griffes
Prendre mon courage dans une main de l’autre tuer le petit le chien mais ne pas remettre sans fin ma vengeance et son sacrifice
C’est une marionnette immobile, c’est une poupée un peu fragile, c’est la maîtresse hypothétique, d’une aventure fantaisiste
Mais je dessine au crayon noir une figurine androgyne, je la voudrais douce et gentille, je la voudrais…
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8. |
Mini miss
02:55
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9. |
L'héritage
03:35
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On est parti pour Montauban chez le beau-père de ma mère, s’en est allé les pieds devant, premier arrêt chez le notaire
A la lecture du testament papa, maman, la tante Adèle, on fait leur tronche d’enterrement, pas un kopek, pas une chaise
Ah, si vous aviez connus grand père, un doigt levé le verbe haut. Ah, sa morale et ses bonnes manières la famille c’était son crédo
L’aïeul avait une favorite de cinquante piges sa benjamine, maman trouvait ça étonnant, papa parlait de dévouement
Vu qu’elle veillait avec talent à divertir le vieux lubrique, elle fut couchée sur le testament, l’amour vaut bien ce sacrifice
Ah, si vous aviez connus grand père, un doigt levé le verbe haut. Ah, sa morale et ses bonnes manières, banni l’obscène et les gros mots
Maman s’écrie, à la salope, adieu l’chalet de Courchevel, papa retrousse le fond des poches fini le coup de pouce mensuel
Ma tante Adèle crie c’est ta faute, crache sur son frère et l’apostrophe, les piques assiettes, les roulent carrosse s’empoignent et insultent le notaire
Ah, si vous aviez connus grand père, un doigt levé le verbe haut. Ah, sa morale et ses bonnes manières, le dimanche son verre de Porto
On est parti pour Montauban chez le beau-père de ma mère, s’en est allé les pieds devant, premier arrêt chez le notaire
On est reparti, c’est inconvenant, une main devant l’autre derrière, de la caste des arrogants vers le carré des indigents
Ah, si vous aviez connus grand père, un doigt levé le verbe haut. Ah, sa morale et ses bonnes manières, le dimanche son verre de Porto
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10. |
L'araignée
03:52
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L’araignée qui joue au plafond lance sa toile entre deux rêves, perdu mon nom, perdu leurs noms
Tous inconnus tous se ressemblent, encore une fois, toutes leurs questions, voilà qu’ils m’appellent maman
Ce matin papa sort la traction, valises, cartons, poupées de chiffons
Nationale 7, Aix en Provence, l’air est plus sûr, loin des canons, sous la ligne de démarcation
Mon araignée vide ma raison, dévore mes années broie chaque heure
Ce corps s’incline, pale oraison, parfois surgissent, traces, sourires
Lointains fragments, taches d’une vie, l’araignée noircie mes souvenirs
Ce matin j’ai mis la robe blanche, je dirai oui à mon Gaston, au bord de la Marne mousseux, flonflon
Papa fera danser maman, sur la dernière de Jean Sablon
Moi l’araignée sur le plafond, eux leur regard haineux me hante, puis un sourire, puis, ce gamin,
Deux perles fondent sur son dessin, la jolie phrase, sa voix chagrin, mamie tu vas guérir demain
Ce matin douleurs, joie, émotion, heureux Gaston, c’est des garçons, des jumeaux la, belle famille
Le soleil dans notre maison, entre leurs rires et nos chansons
Plus d’araignée, plus ce plafond…
Donne-moi la main, la lueur s’éteint, et je te retrouve au matin
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11. |
Les crayons
03:37
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Je n’ai plus l’inspiration, vertige de la page blanche, quand tombent les crayons, s’installe la méfiance
Je n’ai pas la prétention, de vouloir plomber l’ambiance, mais j’ai la conviction, que quelques fous y pensent
J’ai parfois l’impression, que l’histoire recommence, quand de folles raisons, condamnent nos différences
Marianne lève-toi, ils sont devenus fou, Marianne lève-toi, on n’meurt pas à genoux
Faut-il à déraison, mourir pour un peu d’encre, quand tombent les crayons, de quel côté l’offense
Faut-il taire son nom, taire son appartenance, pour éviter leurs plombs, renier son obédience
Faut-il fuir sa maison, déserter douce France, de quel côté s’en vont, les âmes innocentes
Marianne lève-toi, ils sont devenus fous, Marianne lève-toi, on n’meurt pas à genoux
Je n’ai plus l’inspiration, vertige de la page blanche, quand tombent les crayons, s’installe la méfiance
Marianne lève-toi, ils sont devenus fous, Marianne lève-toi, on n’meurt pas à genoux (bis)
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Jarcamne Toulouse, France
Plus j’observe mes semblables, plus ils m’étonnent, me séduisent, me révoltent. Sommes-nous tous comme ceux-là ?… Suis-je comme eux, une caricature sur pattes se mettant en scène dans des situations insolites, insolentes, extravagantes ? Heureusement nous sommes tous un peu comme ça ! Que la vie serait triste sans nos frasques, masques, grimaces… ... more
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